Albert Oehlen "Malerei" Espace Louis Vuitton Beijing
L’Espace Louis Vuitton Beijing est fier de présenter Malerei, une exposition exclusive consacrée à l’artiste allemand Albert Oehlen.
Admirateur du style et de l’ironie historique de Jörg Immendorff, puis influencé par les enseignements de Sigmar Polke, Albert Oehlen a été pris dans l’élan du néo-expressionnisme allemand et du mouvement Bad Painting au début des années 1980, un courant qui résonnait avec le renouveau de la peinture figurative alors en cours en Europe et aux États-Unis. Il s’est impliqué dans la scène artistique de Cologne au sein d’un groupe informel qui incluait notamment son frère Markus Oehlen, Georg Herold et Werner Büttner. Albert Oehlen a noué des liens étroits avec Martin Kippenberger en développant une pensée critique et un amour sincère de la peinture. Il s’est ensuite imposé des règles, en utilisant par exemple une palette uniquement composée de gris et de marron jusqu’en 1987. Il lui arrivait parfois de ne pas respecter ces contraintes, notamment pour le portrait d’Hitler réalisé avec trois couleurs primaires en 1986.
Sa première approche de l’abstraction a officiellement eu lieu en 1988, un choix personnel qui reflète aussi l’histoire de la peinture moderne. C’était un faux bouleversement stylistique pour Oehlen, car il avait déjà intitulé certaines de ses œuvres figuratives « tableaux abstraits » pour s’offrir plus de marge de manœuvre. Cette liberté de travail éliminait toute contrainte et inscrivait ses œuvres dans un contexte visuel plus large : graphisme, publicité, musique, etc. La perspective a progressivement disparu de la peinture d’Oehlen, qui créait de la profondeur en utilisant des couleurs vives de manière bien visible et en superposant des couches d’opacité variée, de la transparence à l’effacement.
En 1992, il a cristallisé l’idée de la peinture en tant qu’« écran » dans la série Computer Paintings : en utilisant son ordinateur portable Texas Instrument pour peindre, Oehlen a renoué avec le thème moderniste de l’union des forces avec la technologie tout en étant conscient de l’obsolescence instantanée du prétendu progrès. Il sérigraphiait des diagrammes réticulaires en noir et blanc sur une toile qu’il retravaillait ensuite à la main en utilisant des techniques, des lignes et des images interpénétrées de façon à la fois organique et vitaliste, mais composées en conscience. Ses « tableaux gris » (Grau) de la fin des années 1990, dont la monotonie intègre des fragments figuratifs, coexistaient toutefois avec la production de ses œuvres les plus colorées et les plus abstraites.
« J’avais envie d’émotions ! », a déclaré l’artiste. « À certains moments, il m’a fallu admettre que mon approche de l’art était un peu sobre. En même temps, j’avais toujours voulu faire du Pop Art, de grandes choses colorées à l’attrait immédiat. » À travers son approche polymorphe, Oehlen rejette systématiquement la dichotomie entre abstraction et figuration en présentant un expressionisme primitif dans un environnement saturé d’images. Bien que ses tableaux Fingermalerei (« Peinture au doigt ») de 2008 soient en partie générés par ordinateur, la série éponyme de 2014 est affranchie de tout visuel manufacturé. Si sa série Intérieurs de 2013 ne montre aucune trace manuelle dans des collages de publicités au graphisme brut, sa série Trees de 2016 a en revanche été créée avec la contrainte d’un élément figuratif reconnaissable : un tronc d’arbre… L’œuvre aux multiples facettes d’Albert Oehlen est impossible à résumer, si ce n’est avec les propres mots du peintre : « Voici les qualités que je veux voir réunies : délicatesse et rudesse, couleur et flou, et pour toutes les étayer, une note de fond d’hystérie. »