Ernest Pignon-Ernest "Je Est Un Autre" Espace Louis Vuitton Venezia
À l’occasion de la 60e Exposition internationale d’art – La Biennale di Venezia, la Fondation Louis Vuitton invite l’artiste français Ernest Pignon-Ernest à présenter Je Est Un Autre, une exposition inédite spécialement conçue pour l’Espace Louis Vuitton Venezia. Cette exposition a été produite dans le cadre du programme Hors-les-murs de la Fondation Louis Vuitton, qui se déploie dans les Espaces Louis Vuitton à Tokyo, Munich, Venise, Beijing, Séoul et Osaka, rendant ainsi possible l’engagement de la Fondation de mener des projets internationaux accessibles à un public toujours plus grand.
« L'étranger » est une notion qui irrigue l'œuvre d'Ernest Pignon-Ernest depuis ses débuts dans les années 1960. De Naples à Rome, de Soweto à Haïti, de Paris à Alger, ses interventions graphiques sur les murs des villes révèlent et transfigurent les tensions et les drames des lieux qu'il choisit.
À l’entrée de l’exposition deux œuvres spécifiques, créées pour la Biennale, célèbrent deux des grandes figures d’une poésie universelle portée par une écriture fortement émotionnelle et un engagement constant. La première, Anna Akhmatova est russe, née en 1889 à Odessa et morte à Moscou en 1966 après une vie tragiquement traquée par le régime soviétique ; la seconde, Forough Farrokzhad, née en 1935 à Téhéran et morte dans la même ville en 1967, est une figure marquante du renouveau de la poésie persane dont le comportement affranchi et la profondeur de pensée résonnent aujourd’hui avec une vitalité intacte. Ernest Pignon-Ernest fait de ces deux poétesses des portraits en pied, telles des « présences » dans l’exposition similaires à celles qu’elles auraient eues dans la rue.
Au cœur de l’exposition, l’image créée par Ernest Pignon-Ernest apparue à Rome, Matera et Naples, dans des lieux en résonance avec l’œuvre, évoque la vie et la mort de Pier Paolo Pasolini. Elle représente celui-ci portant, telle une pietà, son propre cadavre comme étranger à lui-même.
Les accompagnent au gré du parcours Arthur Rimbaud, Antonin Artaud, Jean Genet, Gérard de Nerval, Robert Desnos, Édouard Glissant, Pablo Neruda ou encore Vladimir Maïakovsky entre autres. La démarche artistique d'Ernest Pignon-Ernest était, à ses débuts, singulière dans le monde de l'art de l'époque. Aujourd’hui encore, son atelier parisien est à La Ruche, cette cité d’artistes créée au début du XXe siècle pour accueillir les artistes étrangers du monde entier dont, en 1910-1911, Akhmatova elle-même. Le propre d’une grande œuvre est d’être revisitée en permanence. L’écho du travail d’Ernest Pignon-Ernest s’étend de la sphère occidentale au Global South. Son œuvre a suscité aussi bien l’intérêt de Francis Bacon – qui avait constitué un dossier sur les travaux de l’artiste depuis 1976 – que, aujourd’hui, celui de Dominique Gonzalez-Foerster ou encore de Barthélémy Toguo, introduisant cette œuvre un peu partout en Afrique au gré des expositions qu’il organise à travers sa fondation. Sans parler de J. R. qui voit en lui « [s]on inspirateur ». En France, Ernest Pignon-Ernest est en effet le premier à avoir investi les murs des villes et à mêler le dessin et la photo, trente ans avant le déferlement du street art.
L’exposition s’accompagne d’une publication réunissant de nombreuses reproductions des œuvres présentées, une « note » de Dominique Gonzalez-Foerster et une conversation croisée entre l’artiste, Suzanne Pagé et Hans Ulrich Obrist.